Textes & images II

Et toujours cette plume unique, ce porte-plume-unique, cette encre de Chine unique, noire. Ha ! J’oublie le papier, ce seul, ce même, cet unique papier, blanc. À croire que Muriel Lendower est attachée à ces choses comme Prométhée à son rocher, le forçat à son boulet, une petite main à son aiguille. La plume ressemble au bec de l’oiseau, l’encre au sang et à la bile qui s’écoulent, le boulet au temps soulevé, le papier au tissu des rêves intimes. Et c’est ainsi que la main va, De point en point plus microscopiques que la pointe même de l’aiguille, de trait en trait plus fins que le plus fin des fils. Alors apparaissent ces formes, d’abord végétales, puis animales, enfin humaines, où le blanc s’accorde au noir comme le noir s’unit au blanc, par les nuances infinies du gris, Multitude de piqûres et de griffures, au long cours de ces vingt années, Créant cette peau de velours somptueusement élégante où se déploie l’univers aussi original que déroutant de Muriel Lendower.
Frédérique Hatier
Pour « Encres de Chine 90-2010 »
Galerie Six Elzévir, Paris 75003
Textes & Images I
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